Comment aménager votre intérieur à moindre frais
Le monde est mal fait : avec la crise, on a de plus en plus envie d’avoir un intérieur douillet et de moins en moins de moyens pour s’en aménager un. Heureusement, il existe des façons de s’en sortir.
C’est après avoir sillonné son quartier à la recherche d’une laverie que Yann Gegenheimer, étudiant à la Skema Business School de Lille, a eu son idée de génie. Mettre en relation les «sans machine fixe» et les propriétaires de lave-linge voulant gagner quelques euros. Lancé en février 2011, Lamachineduvoisin.fr est devenu la coqueluche des réseaux sociaux. Fixé par le détenteur de l’appareil, le prix dépasse rarement 5 euros le lavage. «C’est un bel exemple de consommation collaborative, pas chère et qui crée du lien social», commente Antonin Léonard, fondateur de Ouishare.net. Troc de compétences, location entre particuliers, vente d’occasion… cette tendance chamboule tout le secteur de la maison.
Castorama invente le troc de coups de main
Economie possible 100% : sur l’intervention d’un plombier
Recherche aide en pose de papier peint contre jardinage, proche de Château-Chervix (Haute-Vienne).» «Besoin conseils pour installation de volets roulants en échange d’enlèvement d’encombrants, à Fresnes (Val-de-Marne).» Plus de 6 500 bricoleurs amateurs proposent déjà leurs services sur le site Internet Lestrocheures.fr, créé par Castorama en juin 2011. «Et on compte 10 à 15 nouveaux inscrits par jour», assure Nelson Oliveira, responsable des relations clients de l’enseigne. Tout le monde y trouve son compte : les amateurs de plus en plus nombreux du «faites-le vous-même», à qui cet échange de talents respectifs permet de faire des économies, mais aussi les 105 Castorama tricolores, propriété du groupe britannique Kingfisher, qui fidélisent leurs clients. «La plupart se donnent leur premier rendez-vous au magasin le plus proche, précise Nelson Oliveira. Ça les rassure et ils y achètent le matériel qui leur manque…»
Ikea vous rachète vos vieux meubles
Economie possible : 50 € de bons d’achat pour la reprise d’un bureau
Marre de votre commode Birkeland et de vos chaises Ingolf ? Depuis un an, Ikea teste un service de reprise de meubles d’occasion dans son magasin de Strasbourg. Pour le vendeur, il suffit d’envoyer un e-mail avec la photo de l’objet dont il souhaite se débarrasser pour obtenir une estimation. Libre à lui, ensuite, de le déposer sur place. Selon l’état et la taille du meuble, il se verra remettre un bon d’achat de 20 à 100 euros. Les acheteurs aussi sont gagnants, car ces articles, remis en vente dans un rayon «seconde vie» au prix de la reprise, reviennent environ moitié moins cher que les neufs. Quant à l’enseigne, elle s’attire de nouveaux clients et cultive son image de prix bas. «Le succès est tel qu’on va dupliquer l’opération dans d’autres magasins», confie Caroline Gastaud, responsable développement durable d’Ikea France. Pour elle, pas de doute, «le marché de l’occasion est une tendance lourde». D’autres initiatives vont d’ailleurs être expérimentées par le géant suédois, comme les vide-greniers 100% Ikea sur les parkings des magasins ou une plate-forme d’échanges sur Internet.
Des magasins éphémères déstockent l’électroménager
Economie possible : 40% sur un lave-linge de grande marque
Proposer des produits de grandes marques entre 30 et 70% moins cher que dans le commerce traditionnel et en plein centre-ville ? C’est le pari de Chronostock, une société lancée en 2008 par deux Lyonnais passés par le discount et l’immobilier d’entreprise. Sa botte secrète ? Planter ses rayons de façon temporaire sur des surfaces commerciales provisoirement désaffectées. «On s’installe pour deux à six mois dans des locaux vacants, sans avoir à payer de pas-de-porte et à des loyers de 50 à 70% inférieurs au marché», indique Edouard de Jandin (38 ans), l’un des fondateurs. En cinq jours, la marchandise est installée et la vente, annoncée à grands coups d’affichage, peut démarrer. Et peu importe l’activité du magasin précédent. «On est resté six mois dans un ancien Flunch de Chambéry et on y a réalisé 600 000 euros de chiffre d’affaires», précise Bruno Poncet, l’autre dirigeant de Chronostock. Deuxième astuce : l’origine de la marchandise. «Invendus, fins de lignes, packagings dépassés… on rachète les fonds de stock des grandes marques», explique le tandem. Avec une quarantaine de magasins en activité partout en France (leur liste, qui change tous les jours, est consultable sur leur site Internet), l’enseigne a doublé ses ventes l’an dernier, à 12 millions d’euros.
Des particuliers proposent leurs outils
Economie possible : 90% par rapport à l’achat d’une perceuse
Douze minutes par an : c’est, d’après les fabricants, la durée moyenne d’utilisation d’une perceuse. A 100 euros la bête, ça fait cher le trou dans le mur. Bien sûr, vous pouvez pousser la porte d’un Kiloutou, mais l’enseigne de location ne couvre pas tout le territoire et ses magasins sont fermés le dimanche… C’est là qu’E-loue.com peut vous sauver la mise. «Si seulement je pouvais louer une visseuse à quelqu’un de mon quartier», s’est dit Alexandre Woog un dimanche de juillet 2010, ses étagères sur les bras. Cet HEC de 28 ans tenait son idée de business. Aujourd’hui, avec plus de 50 000 loueurs actifs et 150 000 objets proposés, son site est la première plateforme tricolore de location entre particuliers. Tondeuse à gazon à 10 euros par jour, console de jeux à 20 euros, robe de soirée à 30 euros… Son site enregistre 1 500 transactions quotidiennes, en majorité des articles de bricolage, un chiffre en hausse de 30% par mois et qui, avec sa commission de 20%, lui a assuré 1 million d’euros de chiffre d’affaires en 2012. «Normal, ce modèle de “consommation collaborative” ne fait que des heureux, affirme Alexandre Woog, par ailleurs membre de l’équipe nationale d’escrime d’Israël. Les loueurs amortissent leur matériel, certains en tirent jusqu’à 2 000 euros par mois, et les clients s’évitent un achat peu rentable.» Malin, le patron d’E-loue.com propose depuis peu des plates-formes de location entre salariés via les comités d’entreprise.
Grâce à internet, on peut ajuster son devis de déménagement à son budget
Economie possible : 1 225 € pour le déménagement d’un studio
Jusqu’à présent, pour déménager, on n’avait pas le choix. Soit on faisait appel à une entreprise, avec la migraine devant des devis obscurs et exorbitants, soit, comme 70% des Français, on optait pour la débrouille : les copains et la location d’un fourgon. Moins cher, mais galère… Avec Desbrasenplus.com, fini, ce dilemme : on peut désormais confier à des pros une partie du boulot, et faire le reste soi-même. «En trois clics, l’internaute module lui-même son devis selon son budget», explique Farid Lahlou, 28 ans, cofondateur du site avec ses associés Massoud Ayati et Zafar Baryali, rencontrés en master finance à Nanterre. La date du déménagement (un planning indique les périodes les moins chères), le volume du camion (pour ce qui ne rentre pas dans le coffre de votre voiture), le nombre de déménageurs (deux pour l’armoire normande, le reste, votre beau-frère s’en chargera…) et la quantité de housses, cartons, etc. A l’arrivée, «un étudiant quittant son studio s’en tirera pour 275 euros la demi-journée au lieu de 1 500 euros avec une formule classique», assure le trio, qui a démarré avec une camionnette d’occasion en 2009. Aujourd’hui, avec deux agences à Paris, vingt salariés et six camions, ils gardent la pêche : leur chiffre d’affaires 2012 a bondi de 12%, à 500 000 euros, et ils n’ont pas un centime de dette.